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Le choix du châtaigner pour faire le plancher est d'abord dû au fait que c'est un bois qu'on trouve localement (ils ont été coupés à 10 km de chez moi, et la scierie se trouve à moins de 5 km). On peut aussi trouver du pin sylvestre ou du chêne, mais le chêne est plus cher, et le pin sylvestre se fait attaquer par les capricornes et toutes sortes de xylophages.
Le châtaigner a l'avantage d'avoir très peu d'aubier (partie qui intéresse les xylophages), donc inutile de le traiter, il a la réputation de ne pas se faire attaquer. Mais plusieurs inconvénients : - C'est un bois très nerveux, qui fend facilement et se déforme en séchant. Un copain qui a fait un plancher en châtaigner a des écarts qui dépassent un centimètre. Je suis donc parti en me disant que lorsque le bois sera sec (dans un an et demi en théorie - le bois sèche d'un centimètre par an), je le démonterai complètement, raboterai les planches tordues, changerai ou réparerai celles qui ont fendu, et essaierai d'égaliser la surface au rabot. - Il est très riche en tanin, et attaque le métal ; un autre copain a eu des tirefonds complètement bouffés en 5 ans. Je me demande si les vis résisteront et s'il sera possible de le démonter pour le raboter. 11 mars 2007 : cette histoire commence donc avec une remorque de planches fraîchement sciées. Quelques planches se fendent, mais la plupart sont encore intactes. Je les stocke en un tas aéré et protégé de la pluie. |
Avant de commencer la construction, je construis un plan de travail, pour pouvoir travailler à peu près à plat. Un carré de 3 m sur 3m (9 palettes reposant sur des croûtes). En quelque sorte, il me faut faire un premier plancher pour faire le plancher. |
12 avril : j'achète les chevrons en pin douglas dans une scierie ; le douglas a aussi la réputation de ne pas de faire attaquer, je ne traite donc pas. Mais j'apprends plus tard que si le coeur (rouge) ne se fait pas attaquer, les capricornes raffolent de l'aubier (blanc). Tant pis, on verra bien. |
10 mai : je commence enfin le premier élément.
J'ai mis un moment avant de trouver une méthode rapide de construction. Le premier élément m'a pris 6 heures. J'ai fait les 4 derniers éléments en une journée. Le plus délicat consiste à positionner correctement les chevrons ; pour ça, je fixe les deux planches des extrémités (AB et CD). Je peux mesurer précisément la longueur des planches aux 4 coins, et je mets une seule vis à chaque coin. Puis je vérifie le parallélisme entre ces deux planches. Si les longueurs AB et CD sont correctes et que les planches sont parallèles, je sais alors que la forme est correcte, et je peux mettre des vis supplémentaires pour la fixer. |
Une fois les deux premières planches en place, c'est assez rapide ; je fixe des planches parallèlement aux deux premières en allant vers le centre (la chute du grand bout me sert pour le petit bout). Une fois le premier élément terminé, je cloue au sol des cales, ce qui accélère considérablement la mise en place pour les éléments suivants. Dans un premier temps, je laisse les éléments inachevés : il manque l'arrondi, et un bout de planche au milieu. J'utilise en premier les planches bonnes sur toute leur longueur, et je termine avec les planches fendues ou incomplètes. Les planches ont déjà commencé à se déformer, et je n'essaye pas de forcer pour rattraper le jeu (c'est trop dur et je sais qu'elles vont continuer à jouer). Une fois fini, je stocke les planchers hors du plan de travail. Ils sont déjà très lourds, mais encore possibles à déplacer seul, en les faisant pivoter. J'ai utilisé des vis de 5 mm x 6 ou 8 cm. Pour faire les avant-trous à la perceuse, j'utilise une mèche de 6 mm, car le bois va jouer, et la vis pourra ainsi se ballader un peu. Pour visser, j'essaye d'éviter les noeuds ou les zones périphériques qui risquent de se déformer beaucoup au séchage. |
L'étape suivante consiste à faire les arrondis et combler le trou restant. Ça fait peu de surface de plancher, mais pas mal de travail.
Les 8 éléments étaient finis le 20 juin. |
Nous avons ensuite isolé les planchers, avec de la laine de mouton : on a commencé par mettre du carton sous les planches, puis remplir de laine et refermer avec de la bache militaire achetée dans un surplus. On a mis de la laine brute, sans même la laver, et à l'usage on n'a constaté aucune odeur. On a juste enlevé les parties trop crottées. Détail qui semble important : on a pris de la laine de brebis qui ne sont jamais en bergerie (race black face), donc beaucoup plus propres que des animaux passant beaucoup de temps enfermés.
On n'a pas traité la laine car on ne savait pas bien si c'était nécessaire. Un copain qui a isolé son toit avec de la laine brute a eu des mites au bout de 5 ans. Apparament, ce n'est pas dramatique, car si on constate l'apparition de mites, on peut s'en débarasser avec un produit à base de phéromones, qui les attire et les tue. Autre chose à voir : les rongeurs ont l'air d'aimer la laine. On aurait pu mettre de la chaux vive juste en dessous de la toile pour les décourager (mais on a complètement oublié). On sait que le manque de traitement de la laine est un point faible qu'on doit surveiller. On n'a pas pu peser le plancher, mais il faut être à quatre pour déplacer un élément. |
14 juillet : l'étape suivante a été la pose. On a utilisé des plots de 20 cm de haut. Avec le recul, je trouve ça vraiment trop bas, insuffisant pour pouvoir profiter du dessous de la yourte. Au prochain montage, je prendrai des plots de 40 cm.
Pour la pose, on commence par en mettre un de niveau, puis on positionne son voisin en le mettant de niveau, jusqu'à les avoir tous posés. Chaque élément repose sur 4 plots (sur le plan, en A, B, C, D, H1, I), ce qui fait en tout 32 plots (en châtaigner). A la fin, on a un plancher plus ou moins horizontal ; il est très facile de corriger le niveau après coup en utilisant un cric. Une fois positionnés, on a dévissé quelques planches, percé les chevrons et boulonné les éléments entre eux. |
8 août : La dernière étape du plancher a consisté à faire le petit octogone central. Je le fais en 3 parties : une moitié et deux quarts. Un des deux quarts est isolé en polystirène, afin d'être léger et de pouvoir être soulevé facilement. |
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